Episode 81

Jeudi 24 juin 1965

Le plan de David 

Beaucoup de choses se sont passées depuis que George Anderson a tiré sur Elliot Carson. Mais il y a deux femmes à Peyton Place pour qui ce drame coûte encore beaucoup : la femme de George, Julie, et sa fille Betty.

Julie et Betty marchent en direction du bâtiment de la banque.


Au cabinet d’avocats, Dowell ouvre la porte de son bureau et appelle Steven Cord.

Steven parvient jusqu’au bureau de Dowell. Ce dernier lui donne une lettre.

— Martin Peyton. Pourquoi diable veut-il signer une demande pour vérifier les comptes alors que cela a déjà été fait ?

— Eh bien, disons que Mr Peyton aime se surpasser en ce moment.

— Vous voulez dire qu’il n’a pas vérifié les comptes du temps de Wainwright ?

— Non. Sans doute une envie soudaine.

— Je me demande s’il n’essaie pas plutôt de tester mon efficacité ou tout simplement ma patience, s’interroge Dowell. 

— Ils auront besoin de la signature de Schuster.

— Pouvez-vous vous occuper de cela cet après-midi ?

Steven hésite :

— Oh, eh bien, je…

— Cet après-midi sera parfait, coupe Dowell.

Le téléphone sonne. Dowell prend l’appel :

— Allô ? Oh, bonjour Mark. (à Steven) : Voulez-vous m’excuser ? (à Mark) : Oui… au sujet de votre décision sur le cas Anderson.

Steven retourne à son bureau tout en prenant soin de fermer la porte. Julie et Betty entrent et Julie se présente à Steven. 

— Je suis Mme Anderson. J’ai rendez-vous avec Maître Dowell.

—  Il est au téléphone, mais il n’en aura pas pour longtemps. Je suis Steven Cord, son nouvel associé.

— Enchantée. Voici ma fille, Betty.

— Bonjour, mademoiselle Anderson.

Betty se tourne et fait face à Steven. 

— Bonjour.

— Je pense que vous pouvez y aller, maintenant, les informe Steven. 

Julie et Betty entrent dans le bureau de Dowell. L’avocat les salue. 

— Madame Anderson. Betty. Comment allez-vous ? Asseyez-vous, je vous prie.

— Merci.

— Vous m’avez demandé d’obtenir le transfert de votre mari de l’institution où il est maintenant traité.

— Où il est enfermé, rectifie Betty. 

— George n’était pas lui-même lorsqu’il a tiré sur Elliot Carson, précise Julie. Il a été manipulé.

— Oui, mais il y avait une victime visée : Leslie Harrington.

— Et d’autres griefs, intervient Betty. 

Dowell acquiesce. Il s’assoit sur le divan, près de Betty.

— Oui. Il a été prouvé que votre père n’était pas sain d’esprit lorsqu’il a commis cet acte. Et apparemment, il n’a pas recouvré ses esprits depuis. Je suis désolé Betty, mais je dois vous parler franchement, même si cela doit être dur pour vous d’entendre cela.

— Comment peut-il recouvrer ses esprits s’il est derrière des barreaux ?

— Dans un hôpital, Betty. C’est l’arrangement convenu par la justice jusqu’à ce qu’il soit capable de passer en jugement.

— Soyons lucides, Maître Dowell. Nous savons ce que le psychiatre nous a dit. L’état mental de mon père ne s’améliorera pas.

Dowell se lève.

— Nous devons penser qu’il y a une chance.

Betty se lève à son tour.

— Pour combien de temps ? Pour le reste de sa vie ? Maître Dowell, tout ce que nous demandons, c’est de le remettre au Sanatorium Greenvale ou dans un autre établissement du même genre.

— Nous espérions que vous pouviez faire quelque chose, dit Julie. Naturellement, nous paierons pour les soins privés.

— Nous paierons tout ce qu’ils voudront. Nous prendrons tout en charge, confirme sa fille. 

— J’ai déjà vérifié, soupire Dowell. Malheureusement, je crains que ce ne soit pas possible.

— Pourquoi ? Aussi longtemps qu’il reçoit les soins adéquats, il ne mettra en danger personne. Doit-il vraiment rester derrière des barreaux ? Est-ce un traitement ou une punition ?

— Je suis désolé, Betty.

Julie se tourne vers sa fille. 

— Betty, veux-tu bien m’attendre à l’extérieur ? Je veux parler avec Mr Dowell.

— Je dois aller à l’hôpital. Je suis déjà en retard.

Betty part pour l’hôpital.

— Je veux divorcer, dit à brule-pourpoint Julie à l’avocat. 

— Madame Anderson…

— Cela ne peut pas faire souffrir George maintenant. Il ne se souvient même pas de moi. Il ne s’en souviendra plus.

— C’est un problème de raison, madame Anderson.

— Il est fou. Fou criminel. Il est dans un asile. N’est-ce pas une raison suffisante ?

Dowell secoue la tête. 

— Malheureusement non. Dans notre état, ce n’est pas considéré comme une raison pour mettre fin à un mariage.

— Mais quel mariage ? Que reste-t-il de notre mariage ?

— Aux yeux de la loi, le mariage est toujours valide.

— C’est inhumain.

— C’est la loi.

— Ne réalisez-vous pas que la seule à être punie dans cette histoire, c’est moi ? George ne sait pas ce qui lui arrive, ni même où il se trouve. Je veux pouvoir vivre. Regardez, je suis mariée à un homme avec qui je ne peux même pas vivre.

Julie tourne les talons et s’en va.


Michael sort du bureau du Dr Morton et se retrouve à la réception de l’hôpital. Betty travaille au bureau des renseignements. 

La Dr Claire Morton Markham se dirige vers Michael pour lui faire un petit numéro.

— Mike ? C’est moi, Claire Morton.

Claire agite son index gauche sous les yeux de Michael.

— Dites-moi lorsque vous voyez l’objet se rapprocher. Rien. Rien. Vous êtes totalement distrait. Votre esprit est à un million de miles d’ici.

— Je viens juste de parler à votre père.

— Une discussion professionnelle ?

— Il m’a invité à dîner.

— Il vous aime bien.

— Claire…

— Eh bien, avec mon mari qui est au Pérou, il pense probablement que j’ai besoin d’une compagnie virile, à distance sûre cela va de soi.

— Et à propos du dîner ?

— Quoi ?

— D’une manière ou d’un autre, votre père ne me donne pas l’impression d’être le genre d’homme à fournir une compagnie virile à sa fille. En tout genre de circonstances.

— Il ne sait pas que je suis mariée. Je ne le lui ai pas dit.

— Pourquoi ? s’étonne Michael. 

— Je ne sais pas.

— Oh, allons, Claire…

— Je ne peux pas.

— Votre père est à la tête de cet hôpital. Il respecte…

Michael est interrompu par Betty qui passe devant eux et les salue.

— Dr Rossi. Dr Morton.

Mike la salue. 

— Bonjour, Betty.

— Mike, pouvons-nous parler de tout ceci dans un autre endroit ?

— En fait, il n’y a plus grand-chose à dire.

— Mais…

— Nous étions en train de parler de respect. Le respect que j’ai pour votre père. Le respect, je pense, qu’il a aussi à mon égard. Je ne veux pas aller chez lui sous de mauvais prétextes. 

— C’est moi le mauvais prétexte.

— J’ai du respect pour vous, Claire. Et je veux conserver ce respect.

— Je suis désolée, Mike. Je… Je ne suis pas capable de lui en parler. Notre relation…

— Quelle relation ? Dr Morton, vous devez grandir. Arrêtez de vous comporter comme une enfant effrayée. Quelle que soit votre peur, allez vers votre père.

— Les enfants vont vers leur père.

— Raison de plus. Vous êtes toujours son enfant. Allez vers lui. Ne mettez personne dans de fausses positions. Vous-même, votre mari, votre père, moi… Écoutez, je vais aller dîner chez vous. Mais je veux être là parce que votre père me connaît et qu’il peut avoir confiance en moi. Et il sait qu’il peut avoir confiance en vous. Je ne suis pas un chevalier en armure. (après un instant de silence) : Dites-lui.

Betty continue à flâner autour. Michael passe les portes battantes, quittant ainsi l’hôpital. Claire se dirige vers le bureau de son père, mais n’entre pas.


Michael entre dans la librairie et il est surpris d’y voir Constance.

— Depuis quand êtes-vous revenue ? s’enquiert-il. 

— Ça fait deux jours.

— Comment va Elliot ?

— Bien. Enfin pas vraiment, si l’on compte le fait que nous n’étions pas pressés de reprendre la vie de dur labeur qui est la nôtre.

— C’est compréhensible. Je suppose qu’on vous a déjà dit que le mariage vous réussit.

— C’est bon de l’entendre de votre bouche. Puis-je faire quelque chose pour vous ?

— Oui. Je, euh… en fait, non. Je passais juste comme ça. Est-ce que tout va bien ?

— Oui, bien sûr.

— C’est bon de vous revoir.

— Vous avez toujours été un bon ami, Michael. Et vous continuez à l’être…

Allison entre dans la librairie tandis que Constance termine sa phrase :

— …pour nous tous. 

— Bonjour, Dr Rossi, claironne Allison.

— Salut Allison.

— Je parie que vous êtes venu dire à ma mère que le mariage lui réussit.

— Mot pour mot. Il y a à peine 15 secondes.  Pourquoi les jeunes gens sont-ils si perspicaces ?

— Est-ce que les jeunes gens n’ont pas de révisions à faire pour les examens ? demande Constance. 

— En réalité, c’est déjà fait. Je suis allée à la bibliothèque. Et soudain, j’ai eu cette irrésistible impulsion.

— Quel genre d’impulsion ?

— De venir te voir.

— De venir me voir ou trouver une occasion de sortir de la bibliothèque ?

Michael intervient :

— Si je ne connaissais pas Allison et si je ne savais pas à quel point c’est une bonne élève, j’aurais opté pour la deuxième solution. Bon, il faut que je parte. J’ai quelques patients qui m’attendent au cabinet. Au revoir Allison.

— Au revoir, Dr Rossi.

Rossi s’en va. Allison fait une suggestion à sa mère :

— Puisque je suis ici maintenant, on pourrait peut-être déjeuner ensemble, qu’en dis-tu ?

— Bien sûr. Veux-tu aller jusqu’au magasin pour prévenir ton père ?

Une ombre passe sur le visage de la jeune fille. 

— Très bien. Si tu veux…

— Allison…

— N’était-ce pas agréable de voir le Dr Rossi ici ? Je veux dire, rien n’a changé.

— Tu ne veux pas que ton père vienne avec nous ?

— Ce n’est pas ça. C’est juste que depuis que tu es revenue, nous n’avons pas pu passer deux minutes seules.

— Je sais. Nous avons été si occupés.

— Je ne veux pas être difficile. C’est… quand tu étais partie, tu m’as manquée. Et tu me manques encore maintenant.

Constance étreint Allison.


Eli et Elliot travaillent ensemble au magasin maritime. 

— Je t’avais dit que ce ne serait pas facile, dit Eli. Et qu’il y aurait beaucoup de problèmes.

— Le seul problème est dans ma tête. Elle est pleine de rêves, de grandes choses que je voudrais faire pour ma femme et ma fille. Et que je ferais, si je le peux. 

Eli évoque un poème :

— Si les vœux étaient des chevaux…

— … alors les mendiants les monteraient. C’est comme si je marchais…

— Pour te retrouver toujours à la même place.

— C’est un peu près ça, Papa.

— Elliot, comment Allison prend-elle les choses ?

— Quelles choses ?

— Le fait que vous viviez tous les trois ensemble comme une famille. En avez-vous parlé ?

— De quoi veux-tu que nous parlions ?

— Eh bien, savoir déjà si Allison n’est pas ennuyée par votre mariage.

— Si c’était le cas, elle ne me le dirait pas. Tu sais Papa, c’est très bizarre, mais Allison et moi pouvions aborder n’importe quel sujet quand je n’étais qu’un étranger rencontré à la bibliothèque.

— Et maintenant ?

— Maintenant… Oh, à propos, j’oubliais de te dire. J’ai fait monter le gousset de la montre de l’arrière-grand-père Carson en bracelet et j’ai l’intention de le donner à Allison, si toutefois tu n’y vois pas d’inconvénient.

— Bien sûr que non. C’est de ma petite fille que tu parles. Mais Elliot, nous ne pouvons pas acheter son amour, tu sais cela.

— Ce n’est pas ce que j’essaie de faire. Je veux simplement lui donner quelque chose. Je veux qu’elle se sente comme une Carson, même si son nom est Mackenzie. Cela paraît logique, non ?

— Ça l’est, approuve Eli. J’espère simplement que le bracelet que tu as choisi sera digne de la fille qui le portera.

— Tu fais référence à Allison ou à la montre ?

— Le gousset de la montre est en or massif.

Eli se retire dans l’arrière-boutique. Quelques instants après, Allison entre dans le magasin.

— Salut.

— Eh bien, en voilà une bonne surprise ! s’exclame Elliot. 

Eli revient.

— Oh, bonjour. J’ai une annonce à vous faire. Toute la famille Carson est invitée à aller déjeuner ensemble.

— C’est une invitation ou une sommation, plaisante Elliot.

— Une sommation.

— Eh bien, cela répond à la question.

Cette scène est à retenir pour l’avenir, car le bracelet dont fait référence Elliot sera un des points clé de l’histoire.


Dans son bureau privé, David parle avec Mr Boudreaux au sujet du licenciement des ouvriers de la fabrique.

— Nous devons fermer toute une ligne, explique-t-il. 

— Je trouverai quelque chose pour les occuper, monsieur Schuster.

— J’ai bien peur que nous ne puissions nous offrir ce luxe.

— Monsieur Schuster, nous sommes en train de parler d’environ quinze personnes à qui il faudra dire de ne plus venir travailler la semaine prochaine.

— N’essayez pas de faire de moi un être immonde, Boudreaux.

L’interphone bourdonne. David saisit l’appareil. 

— Oui.

— Madame Schuster désire vous voir, l’informe Marian. 

Boudreaux se tourne pour partir. David lui demande de rester un instant et s’adresse à Marian :

— Dites-lui d’attendre un moment, s’il vous plaît. Et Marian, apportez-moi le dossier du personnel.

— Oui, monsieur.

— J’aurais le nom des licenciés pour vous dès demain matin, dit David à l’attention de Boudreaux

— Très bien. Préparez-vous à des représailles. Beaucoup de gens dans cette ville ne vont pas comprendre. Beaucoup de gens.

Marian entre dans le bureau tandis que Doris attend toujours. Boudreaux, de son côté, s’en va. 

— Marian, venez. Je vais vous montrer ce que vous allez faire. Ici, vous trouverez l’estimation des capacités du personnel de la fabrique. Je veux que vous choisissiez quinze personnes à licencier. Les capacités des ouvriers sont plus importantes que l’ancienneté. D’accord ? Vous pensez être capable de faire ça ?

Marian est incrédule face à la demande de son patron. 

— Oh, je ne sais pas…

— Que voulez-vous dire par « je ne sais pas » ? Ce n’est pourtant pas compliqué !

Marian hésite : 

— Ce n’est pas ça, monsieur. C’est que…

— Très bien, s’impatiente David. Je prendrais cela à la maison et je le ferais moi-même.

— Je ne peux pas prendre cette responsabilité, se justifie la secrétaire.

— Demandez à ma femme de venir.

— Oui, monsieur.

— Vous pouvez rentrer chez vous, si vous avez terminé.

— Merci.

Marian ouvre la porte et fait entrer Doris. Cette dernière la remercie et lui souhaite une bonne soirée. 

Doris referme la porte derrière elle. 

— Salut.

— Salut chérie.

Doris va vers lui et l’embrasse. Elle lui tend un paquet. 

— Pour toi.

— Qu’est-ce que c’est ?

— Un cadeau pour ton bureau.

— Eh bien, mon bureau te remercie.

Doris l’observe en fronçant les sourcils. 

— David, tu sembles si fatigué.

— Oh, je ne sais pas. Donner des ordres sur papier, c’est une chose, mais lorsque tu dois faire face aux gens qui vont être impliqués, c’est autre chose.

— Tout s’améliore avec le temps.

— Ou va en s’empirant.

— Ouvre ton cadeau, s’impatiente Doris. Je l’ai vu dans la vitrine d’un magasin lorsque je suis sortie de chez le coiffeur.

David ouvre le colis. Il s’agit d’une petite horloge de table.

— Tu aimes ?

— Peut-être que ça m’aidera à rentrer plus tôt à la maison.

— À ce propos, as-tu terminé ? Je pensais que nous pourrions peut-être rentrer ensemble et nous arrêter quelque part prendre un verre.

— Non, j’ai bien peur d’avoir encore des choses à faire au bureau. J’essaierai de ne pas rentrer trop tard. 

— Très bien, je te laisse dans ce cas. Peut-être rentreras-tu tôt ce soir. Oh, au fait. J’ai entendu quelque chose sur Allison Mackenzie chez le coiffeur. Il semblerait qu’Elliot Carson ne soit pas son beau-père comme nous le supposions. C’est son vrai père.

— Et ?

— Le temps.

— Quoi, le temps ?

— Oh, ne joue pas avec moi David. Ils ont attendu dix-huit ans avant de se marier.

— Et alors ?

— Et alors, Elliot Carson était en prison pendant tout ce temps pour le meurtre de sa femme.

— Oh, Doris.

— Mais il ne l’a pas assassiné.

— Arrête !

— Janet a dit que nous le saurions en jour.

— Eh bien, je ne l’ai pas à l’entendre de toi.

— David, j’ai entendu parler de ça. Et depuis qu’Allison passe du temps avec Kim, je pensais que nous devrions le savoir.

— Est-ce que tu condamnes la fille ?

— Non.

— Très bien, pourquoi es-tu venue jusqu’ici avec un cadeau ?

— Tu n’as pas le droit de me condamner, David.

— Pas plus toi que moi. Surtout pas nous.

— Je ne parlais pas de ça. Tu me condamnes.

— Oh, Doris !

— Tu m’as demandé si je condamnais cette fille ?

— Je t’ai demandé si tu…

— Oh non. Tu as supposé…

— Tu te précipites ici pour…

— Je suis venue ici pour te donner ce cadeau.

— OK.

— Et t’inviter à prendre un verre. Et te donner des informations sur Allison. Elle passe du temps avec notre fille. Je suis venue t’informer. Parce qu’il semblerait que cette fille ait un gros problème, elle aussi.

Doris se précipite à l’extérieur du bureau et se heurte à Steven Cord.

— Oh.

L’avocat s’excuse :

— Je suis désolé, je vous ai fait peur.

— Non, ce n’est rien.

David s’approche de Steven. 

— Que puis-je faire pour vous ?

— Je suis Steven Cord, l’associé de Theodore Dowell.

— Oh, entrez.

— David, tâche de ne pas rentrer trop tard, recommande Doris.

David présente Doris à Steven avant qu’elle ne quitte le bureau. 

— Je ne savais pas que Dowell avait un associé, commence Schuster. 

— Il n’en avait pas jusqu’à hier. J’étais avec Kennerly et Wainwright lorsque Mr Peyton a transféré toutes ses affaires chez Maître Dowell.

— Et vous avez fait partie du transfert.

— Je ne dirais pas ça comme ça.

— Que puis-je faire pour vous, monsieur Cord ?

Steven ouvre sa serviette et tend des papiers à David.

— Je suis supposé autoriser le fait que j’ai déjà autorisé la vérification des comptes ? s’étonne David

— Je sais. Cela paraît totalement inutile à moi aussi. En revanche, Mr Peyton aime faire les choses à sa façon.

— Très bien.

David signe les papiers.

— Voilà. Autre chose ?

— C’est tout. Disons qu’il s’agit là d’un premier contact. J’ai hâte de débuter cette nouvelle association. 

— Je suis sûr que nous nous entendrons très bien. Surtout lorsque l’on doit signer des papiers qui autorisent une autorisation. La prochaine fois, je suggère de le faire devant un bon dîner.

— Ce serait avec plaisir. Bonsoir.

— Bonsoir.

Steven s’en va.


Julie Anderson est en train de coudre sur une vieille machine Singer ® tandis que Betty arrive par la porte de devant de la maison des Anderson. Julie sursaute lorsqu’elle aperçoit sa fille. 

— Oh, Betty ! Tu m’as fait peur. Comment s’est passée ta journée ?

— Bien.

— Je t’ai attendue avant de commencer à dîner.

— Je n’ai pas encore faim… Maman, est-ce que tu vas divorcer de papa ? Est-ce cela que tu as demandé à Maître Dowell ?

— Oui.

— Pourquoi m’as-tu demandé de quitter le bureau ?

— J’étais embarrassée.

— Pourquoi ?

— Eh bien, je sais à quel point tu aimes ton père.

— Je l’aime toujours, mais cela ne m’empêche pas de comprendre ta position.

— Betty, je ne vais pas divorcer. Il n’y a pas de raison valable. En tout cas, pas ici. Je pourrais quitter l’état pour divorcer, mais je ne suis pas sûre que le divorce serait valide.

— Tu en es sûre ?

— Dans cet état, la folie n’est pas une cause de divorce.

— C’est horrible. Que ce soit juste ou pas. Tout dépend d’une simple ligne sur un papier.

— C’est la loi. Je ne peux pas la changer.

— La même loi qui a décrété que mon mariage avec Rod n’a jamais existé. Une loi qui maintenant te punit. Ça n’a aucun sens.

— Non, en effet. Pourquoi ne vas-tu pas te mettre à table maintenant ?

— Maman, que comptes-tu faire ?

— Que veux-tu que je fasse ?

— J’espérais que tu pourrais me le dire. J’ai beaucoup réfléchi au sujet de notre avenir. Comment sommes-nous supposées vivre le reste de vie ? Rentrer à la maison, dîner, se coucher tôt. Comment … ?

— Le dîner est prêt, annonce Julie qui aimerait changer de sujet. 

— Maman, je sais que nous étions en train de parler de toi, et soudainement, j’ai pensé à moi. Pardonne-moi.

Julie étreint Betty tandis que la sonnette de la porte d’entrée retentit.

— Oh, veux-tu répondre ?

Julie prend le vêtement sur lequel elle travaillait.

— Tu attendais quelqu’un ? s’enquiert Betty. 

— Oui. Monsieur Schuster, de la fabrique.

— Que veut-il ?

— Je ne suis pas sûre. Il a téléphoné pour dire qu’il voulait venir me voir. Il a dit que c’était très important.

Schuster attend devant l’entrée tandis que l’épisode se termine. 


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