Episode 79

Jeudi 17 juin 1965

Rapprochement 

David et Doris Schuster ont passé leur première soirée sociale à Peyton Place. Ils étaient les invités de Theodore Dowell, un homme représentant une opportunité et un défi. Quoi que Dowell décide de faire affectera la vie de David et Doris Schuster, plus qu’ils ne le pensent. Maintenant, Theodore Dowell quitte l’auberge et une réunion qui l’a profondément troublé. Il considère que sa décision est prise. Mais il est également troublé par l’arrivée à Peyton Place d’un homme nommé Steven Cord et qui le confronte à une autre décision.

David et Doris Schuster marchent de l’auberge jusqu’à leur voiture. David aide Doris à entrer dans la voiture, garée près du pilori. Tandis qu’ils démarrent, Steven Cord scrute du regard Théodore Dowell depuis la fenêtre de sa chambre, qui sort du Colonial. (La ville de Peyton Place est très clémente en ce qui concerne les stationnements gratuits. Le stationnement est autorisé sur les deux rues latérales du square, excepté bien entendu devant la caserne des pompiers, à l’ouest du square. Enfin, le stationnement est restreint à côté de l’entrée de l’hôpital, un demi-bloc à l’est du square.)


Ted Dowell revient de la chambre de Steven Cord à l’hôtel et se rend au Clarion pour aller chercher Mme Dowell qui l’attend en compagnie de Matthew Swain. 

— Désolé de t’avoir fait attendre, ma chère. Cela m’a pris plus long que je ne le pensais pour prendre ces papiers.

Andrea n’en prend pas ombrage. 

— Matt m’a divertie en attendant.

— Oh, c’est ce que vous faites toujours, dit Dowell à Matthew. 

— Ted a toujours l’habitude de dire que vous êtes le célibataire le plus dangereux de Peyton Place, s’exclame la femme de l’avocat. 

— Eh bien, c’est juste une flatterie d’un vieil ami.

Andrea rit. Matthew se tourne vers Dowell. 

— Ted, quelles ont été vos impressions sur David Schuster ?

— Il semble avoir les capacités requises. Je peux comprendre pourquoi Martin Peyton lui a donné la charge de la fabrique.

Les Dowell prennent congé de Matthew. 


David et Doris roulent vers le manoir.

— Pas mauvais, ce dîner, clame David. Nous n’avons pas de homard cuisiné ainsi à New York.

— Peyton Place a parfois de bons côtés.

— Oui, des bons et des mauvais. Ce dîner n’était pas un dîner d’amabilité. Moi et Dowell, nous nous sommes évalués.

— Cela se passe tout le temps comme ça à New York.

— Oui, la coutume du pays. Un dîner, une conversation polie, se scruter l’un et l’autre avec boissons à volonté. Pourquoi faut-il toujours s’évaluer ? 

— Tu l’as dit toi-même. C’est la coutume du pays.

— Je pensais que tu avais aimé cette soirée.

— Ha. Ha. Ha. Mme Dowell est une véritable magicienne.

— En tout cas, tu as été un peu vite en besogne avec cette histoire d’auxiliaire d’hôpital.

— Je veux faire quelque chose de ma vie, ici. Je ne veux pas rester à la maison tout le temps, réplique Doris.  

— Tu penses à Kim ?

Doris soupire. 

— Encore…

— OK, je suis désolé.

David pose un bras autour d’elle pour s’excuser.

— Une chose m’a ennuyée, soupire Doris. 

— Quoi ?

Doris me met à imiter madame Dowell : 

— Ma chère, dites-moi comment vous et votre mari vous êtes rencontrés.

— Elle voulait juste savoir, dit David. 

— Nous sommes dans une petite ville, David. Ils veulent tout savoir de leurs voisins. Et tout le monde est notre voisin ici. Ils commenceront par découvrir des petites choses, puis ils découvriront que tu as déjà été marié.

— Dans ce cas, raconte-leur une histoire… Je veux dire par là une histoire ordinaire.

— Kim n’est pas ordinaire.

— Non, Kim n’est pas ordinaire. Et peut-être que nous ne sommes pas aussi ordinaires qu’on le laisse penser quelquefois. Mais nous n’avons pas à nous défendre nous-mêmes, même si nous sommes dans une petite ville. Si tu penses qu’on doit le faire, si vraiment tu penses qu’il faut le faire, alors nous devrions repartir pour New York.

— Est-ce que tu me reproches de t’avoir fait venir ici ? Doit-on toujours revenir sur ce même sujet ?

— C’est toi qui es venue sur le sujet.

David arrête la voiture. Il se tourne vers sa femme. 

— Maintenant, écoute. Nous sommes dans un nouvel environnement, mais nous sommes toujours nous-mêmes, n’est-ce pas ?

— Oui.

Ils s’embrassent longuement.


Steven Cord entre dans la Taverne d’Ada Jacks et s’assoit à l’extrémité du bar. Ada le rejoint.

— Vois désirez ?

— Un bourbon arrosé d’eau. Avec deux glaçons dans l’eau.

Ada prépare la boisson. Elle n’a pas l’habitude qu’on lui réclame un bourbon avec de l’eau. 

— J’espère que ça sera bon.

— Ça le sera, affirme Steven.  Vous êtes Ada ?

— Je suis Ada. Qui êtes-vous ?

— Steven Cord.

— Oh, vous êtes le fils d’Hannah. Comment va-t-elle ?

— Bien.

— Et comment va Martin ? Je veux dire, monsieur Peyton ?

— Pas très bien. Il ne reviendra pas à Peyton Place.

— Oh, je suis désolée. Je suis désolé.

— Je pensais que vous le seriez. Eddie est parti et lui aussi n’est jamais revenu.

Les traits du visage d’Ada se durcissent. Elle n’aime pas qu’on lui rappelle son mari qui l’a abandonnée. 

— Qui vous a dit cela ?

— Ma mère. C’est elle qui me l’a raconté.

Ada lui répond froidement :

— Vous avez votre Bourbon. Vous avez votre eau et vos deux glaçons. Prenez-les et ne revenez plus.

— Ada ?

— Madame Jacks, corrige-t-elle.

— Madame Jacks, je ne suis pas venu ici pour me disputer.

— Très bien.

— Mais je suis ici pour une raison. Je suis venue vous voir.

— Pourquoi ?

— Parce que je me souviens de vous. Je me souviens de vous lorsque j’étais enfant. Vous aviez de longs cheveux. Blonds comme les blés. Pour moi, ils paraissaient être en or. Vous étiez très belle.

— Vous aviez besoin d’une fée Carabosse.

— Pas d’une fée Carabosse. Seulement d’un grand roi. Et deux princes… J’ai vu les deux princes ce soir… Ils dînaient à l’auberge avec le Dr Rossi. Ils ne m’ont pas reconnu, bien sûr… Ils discutaient gentiment… Puis l’un d’eux s’est levé brusquement et il est parti… Norman Harrington.

— Pourquoi êtes-vous revenu ? s’inquiète Ada. 

— Norman…

— Il aimait profondément sa mère. Il ne s’est jamais remis de sa mort.

— Comment a-t-il pris le fait que son père ait dénoncé sa mère comme meurtrière ? s’enquiert l’avocat 

— Très mal.

— Et pour Rodney ?

— Rodney est différent.

— Pourquoi Norman était-il tellement gâté par sa mère ?

— Qu’êtes-vous venu faire dans cette ville ?

— Je suis venu pour du travail.

— Et c’est tout ?

— Pour parler aussi.

— Du bon vieux temps ?

Steven veut payer sa boisson.

— C’est pour la maison, objecte Ada.

Steven s’en va. Ada tourne la tête et aperçoit Rita qui regarde par la fenêtre de la porte. Elle va la rejoindre. 

— Qui était-ce ? demande la jeune fille. 

— Oh, quelqu’un qui vivait ici quand il était gosse. Sa mère était la gouvernante de la maison de Martin Peyton… Qu’est-ce que tu as fait ce soir ?

— Je suis allée voir un film.

— Seule ?

— Pourquoi pas ? J’ai vu deux copains là-bas, mais je ne suis pas sortie avec eux pour autant. Je pensais peut-être que je verrais Norman.

— Vas-y doucement, Rita.

— Pourquoi ?

— D’après ce que j’ai entendu, Norman Harrington n’est pas très fréquentable en ce moment.

— Ce n’est pas une raison pour le laisser tomber, proteste Rita.

— Que dirais-tu d’aller dans une école privée ? dit soudain Ada. 

— Tu veux dire une école pour filles ?

— Oui, j’ai l’argent nécessaire.

— Maman, quel est le problème ?

— Cette ville n’a jamais été bien pour moi. Et elle ne le sera pas pour toi.

Ada se retire dans sa chambre.


Michael Rossi pénètre dans la zone de réception de l’hôpital et s’adresse à l’infirmière de garde.

— Est-ce que le Dr Morton est en salle de travail ? La Dr Claire Morton ?

Claire arrive précipitamment.

— Vous venez trop tard, docteur, dit-elle. Le nombre des habitants de Peyton Place vient d’augmenter d’un.

— Oh, c’est formidable, se réjouit le médecin. 

— Merci d’être venu, en tout cas.

— Tout va bien ?

— Très bien. Je suis désolée de vous avoir dérangé.

— Vous avez fait ce qu’il fallait. Que s’est-il passé ?

— Je ne sais pas. Juste un moment de doute. Maintenant, je me sens ridicule.

— Tout le monde a le droit d’avoir un moment de doute.

Rodney arrive près du comptoir de la réception.

— Oh, Rod et moi dînions ensemble, explique Michael. Il se trouve qu’il est ami avec le nouveau père.

— Bonjour, Rodney.

— Dr Morton. Qui est le père ?

— Monsieur Sinclair. Et maintenant, il y a un monsieur Sinclair Jr.

— Il a eu un fils. C’est super !, s’exclame le jeune Harrington. 

— Pourquoi est-ce que les hommes disent toujours ça ? plaisante Claire. 

— Où est-il ? s’enquiert Rodney. 

— Je suppose qu’il attend à l’extérieur de la salle de travail.

— Est-ce que je peux aller le voir ?

Claire acquiesce :

— C’est contraire au règlement. Mais si mademoiselle Choate vous dit quelque chose, dites-lui que je vous ai donné la permission.

Rodney s’en va voir son ami. Claire est désormais seule avec Michael. Elle perçoit une contrariété sur le visage du médecin. 

— Est-ce que j’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas, Mike ?

— Il a été marié avec Betty Anderson.

— Je l’ignorais.

— Vous n’étiez pas là à l’époque. Betty a perdu son bébé.

— Quelle tragédie pour elle !

— Oui.

— Comment peut-elle supporter de travailler ici ?

— Eh bien, la vie doit continuer, n’est-ce pas ?

— Oui, il le faut.

— Écoutez, pourquoi n’irions-nous pas célébrer ce premier triomphe devant une tasse de ce merveilleux café de l’hôpital ? (Il se tourne vers l’infirmière de garde) : oh, veuillez dire à monsieur Harrington lorsqu’il revient que nous sommes dans la salle du personnel.


Rodney et Bob Sinclair sont à la nurserie. À travers la vitre, Betty montre le bébé à Bob. Elle et Rodney se regardent longuement.


Michael et Claire s’assoient à une table, dans la salle du personnel de l’hôpital. 

— J’aimerais vous expliquer pourquoi j’ai paniqué, dit Claire.  Ce que j’ai dit tout à l’heure va dans les deux sens. Ce soir, le professionnalisme a fait place à une soudaine apathie. Je me suis revue au Pérou en train d’aider tous ces enfants à trouver le réconfort. Je les entendais me supplier, parler du grand Dr Vincent Markham, de la morphine… Ils pensaient que j’avais le feu sacré.

— Et qu’avez-vous fait ?

— J’ai essayé Michael. Mais ce n’était pas ce qu’ils voulaient. Dans la tradition du Dr Robert Morton, j’ai essayé d’être parfaite. Dans la tradition du Dr Vincent Markham, j’ai essayé d’être une sainte. Lui voulait que je sois une femme.

Elle avoue qu’elle ne se sentait pas à sa place au Pérou. Elle dit aussi à Mike qu’elle est mariée avec le Dr Vincent Markham. 


David et Doris arrivent au manoir et découvrent Allison endormie avec ses livres scolaires éparpillés sur le sol. 

Elle se réveille et parle un instant avec le couple. Allison leur explique tout ce qui s’est passé au cours de la soirée et en particulier le moment où Kim a voulu s’enfuir et où Allison l’a laissée faire. 

David et Doris sont impressionnés par la façon dont Allison a géré la chose. David décide de la ramener.

Tandis qu’il ramène Allison à la maison, David lui parle de son enfance. Il est l’unique garçon d’une famille de quatre enfants. Ce qui ne lui a pas procuré que des avantages.

Lorsqu’ils arrivent à la maison Carson, Allison présente David Schuster à Elliot et Constance. 

On sent qu’Elliot se méfie de Schuster à travers le regard particulièrement glaçant qu’il lui offre. David s’en va et Allison dit à Elliot combien les Schuster sont sympathiques.

Constance dit à Elliot qu’il s’est conduit comme un père protecteur en accueillant froidement Schuster. Elle est fière de lui.


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