Episode 76

Mardi 15 juin 1965

Le temps des excuses 

Une nuit sombre à Peyton Place. Une nuit sombre pour Norman Harrington. Conduit par sa solitude et sa perte d’identité, il a essayé de revenir dans la maison où il est né, mais l’a trouvée occupée à jamais par des étrangers.  Encore plus solitaire, plus désemparé que jamais, il revient dans l’appartement qu’il partage avec son frère.

Le square. La caserne des pompiers. Norman conduit jusqu’à la caserne et se gare devant la pharmacie.


Rita ouvre la porte de l’appartement et laisse entrer Norman. Elle porte un jeans. Norman enlève sa veste, et demande à Rita où se trouve « le grand homme » (il veut bien évidemment parler de son frère Rodney). 

Rita réplique qu’elle s’est inquiétée à mort à son sujet. Norman sait de quelle façon Rita l’aime. Elle a mis les choses au clair à ce sujet la nuit dernière à l’étang lorsqu’elle n’a pas voulu qu’il l’embrasse. 

Rita s’en va en pleurant tandis qu’arrive Rodney. Norman compare Rodney à leur père. Rodney parle à Norman de sa petite escapade chez les Schuster. Il sent que son frère est déboussolé.  


Dans la chambre de Kim, Doris essaie de faire dormir l’enfant. Le mobile accroché au plafond jette des ombres surnaturelles sur les murs, elles sont plus effrayantes que relaxantes. 

Doris quitte la chambre et retrouve David, assis sur la troisième marche de l’escalier. Elle dit que Kim s’est endormie profondément comme si rien ne s’était passé.  

Pour David, cette petite escapade est un avertissement, même si Doris prétend que cela n’arrivera plus jamais. 

— Nous étions deux dans cette maison lorsqu’elle s’est enfuie, rappelle Doris.

— J’ai dit que c’est un avertissement, s’écrie David.

S’enchaîne une violente conversation. Ils hurlent l’un avec l’autre, se faisant chacun des reproches. 

— J’ai appris ma leçon, affirme David.

— Et tu penses que moi, non ?

— Doris, je suis à la fabrique, toute la journée. Elle est avec toi la plupart du temps.

— Laisse-moi te faire la promesse que cela n’arrivera plus. 

— Doris, ce que je veux te dire, c’est qu’elle est bouleversée. Profondément bouleversée. Nous devons faire face à cela.

— Tu continues à dire « nous », mais tu veux dire « moi ». D’accord, elle est bouleversée, mais elle ne s’est pas tournée vers toi. Elle s’est tournée vers une étrangère. Vers « cette fille ».

Doris se calme et veut parler normalement à David. Elle se demande pourquoi ils agissent de la sorte. Ils ne font que détruire leur relation, et détruire Kim par la même occasion. Ils se mettent d’accord pour dire qu’ils ne s’écoutent pas l’un l’autre.

David s’approche de sa femme.

— Je t’aime, murmure-t-il.

Ils s’embrassent tendrement. 

Kim se met à crier. Il s’agit probablement d’un cauchemar. Doris s’apprête à aller voir la fillette, mais David l’arrête. 

Kim crie une nouvelle fois. Doris monte. Ce sont les ombres en mouvement du mobile qui ont sans doute effrayé Kim.


David conduit jusqu’à la maison des Carson et sonne à la porte. Allison, qui était dans la cuisine en train de cuire du bacon, va lui ouvrir. 

David s’excuse du dérangement et de la façon dont il a réagi la nuit dernière lorsqu’Allison a ramené Kim. Allison se rend compte que le bacon brûle et court à la cuisine. 

David en profite pour entrer. Le laitier vient à la porte de devant parce qu’il n’obtenait pas de réponse à la porte de derrière. Allison présente M. Schuster au laitier qu’elle n’appelle pas par son nom. Le laitier s’en va. 

David demande à Allison si elle se souvient de quelque chose de précis. Il est étonné qu’Allison ait entendu parler Kim, car la fillette n’a pas prononcé un seul mot depuis qu’ils sont arrivés à Peyton Place. 

Allison lui ment en lui disant qu’elle ne se souvient de rien de précis. David la remercie et s’en va.


À l’hôpital, le Dr Rossi croise Claire, et souhaite lui parler. Mais Claire prétend que Michael la critique. Elle s’aperçoit qu’à chaque fois qu’elle voit Michael, ils ne peuvent s’empêcher de se disputer. 

Michael lui répond qu’en fait, elle l’esquive constamment. Elle prend mal à la remarque et le médecin lui dit que ce n’était pas une critique.

Il souhaite parler de docteur à docteur et lui dit qu’il est dommage que Claire refuse un poste à l’hôpital simplement parce qu’elle croit qu’il ne veut pas d’elle ici. Il aimerait savoir si elle pense qu’il est vraiment impossible pour elle de travailler avec lui.

Elle lui répond que cette conversation n’a pas lieu d’être, car elle a consenti finalement à reprendre le poste laissé vacant par le Dr Burgess et rejoint donc le personnel de l’hôpital. 

Michael est ravi. « Bienvenue, Dr Morton », lui dit Michael. Ils se serrent la main. Puis le Dr Rossi s’en va. Claire affiche un visage dubitatif.


Au manoir, Rodney est venu parler avec Doris. Doris lui dit qu’il n’est pas un intrus. Rodney est venu s’excuser pour Norman qui est entré incognito sur la propriété. 

Doris minimise l’incident. Elle s’excuse d’avoir été dure avec Rodney la dernière fois. Elle est très conciliante avec lui. Elle lui dit que ce n’est plus leur maison, mais que Norman n’a pas encore intégré cette information. 

— Ce n’est pas une excuse pour s’introduire chez vous de la sorte, dit Rodney.

— Voilà une étrange conversation, je n’ai accusé votre frère de rien. 

— Ce n’est pas ce que j’ai dit. Je veux juste que mon frère ne fasse rien qui puisse lui nuire.

— Votre frère ne m’a pas ennuyée, monsieur Harrington.

Rodney veut simplement que Norman passe à autre chose et ne se raccroche pas au passé. 


À la librairie, Allison salue une cliente qui s’en va parce qu’elle n’a pas trouvé le livre qu’elle voulait, lorsque Doris Schuster entre dans le magasin. 

— Je suis venue vous parler, Allison.  Est-ce que vous avez un moment ?

— Bien, j’étais sur le point de fermer. Mais oui, bien sûr, je vous écoute.

— D’abord, et le plus important, j’aimerais m’excuser pour mon mari et aussi pour mon comportement hier soir. C’était vraiment très incivil de notre part.

— Je pense qu’un enfant perdu est une raison suffisante pour des parents d’être bouleversés, tempère Allison.

— Ce n’était pas un début très propice à notre vie à Peyton Place, n’est-ce pas ?

Allison se rappelle une des phrases fétiches de son professeur de latin :

Des débuts difficiles naissent souvent de belles amitiés.

— Comment va Kim ?, s’enquiert-elle.

— Elle va bien. Elle est avec madame Chernak dans le parc cet après-midi. Je pensais qu’après l’épisode d’hier soir, une promenade était beaucoup plus importante qu’avoir des sols de cuisine propres… 

Doris hésite un instant, puis poursuit : 

— Allison, j’ai un problème et j’aimerais en parler avec vous. Mon mari David et moi sommes invités ce soir. C’est une soirée très importante pour David. J’ai remué ciel et terre pour trouver une baby-sitter.

— Sans succès ?

Doris acquiesce.

— C’est à croire que toutes les étudiantes du collège ont attrapé la grippe ou sortent avec un garçon.

— Et madame Chernak ?

— Elle a une famille dont elle doit s’occuper.

Doris s’approche d’Allison.

— Allison, Kim vous connaît maintenant. J’espérais que peut-être vous pourriez rester avec elle ce soir.

— J’ai peur de ne pas pouvoir. Je suis désolée.

— Nous ne rentrerons pas tard.

— Oh, non. Ce n’est pas ça. Vous voyez, mes parents reviennent à la maison ce soir. Et c’est leur première soirée à la maison. Je pense que je me dois d’être là.

— Oh, je vois. Vous devez être très proche d’eux. Eh bien, merci tout de même. Peut-être une autre fois.

Doris s’apprête à partir, mais Allison la retient.

— Madame Schuster, est-ce que je pourrais avoir un peu de temps pour réfléchir ? Puis-je vous rappeler dans une heure environ ? Ou bien est-ce qu’il sera trop tard ? 

— C’est parfait comme ça. Merci Allison.

Doris s’en va et dehors se heurte à Norman.

— Bonjour, Norman Harrington. Levez les yeux. La lumière du soleil est de ce côté.

Norman adopte un ton sarcastique : 

— Tiens, tiens. N’est-ce pas là « la dame du manoir ». « Vient le printemps et les beaux matins, Dieu est dans son paradis et tout va bien dans le monde de madame Schuster. »

Doris proteste devant l’arrogance du jeune homme :

— Norman. Attendez juste une minute. Je…

— Madame Schuster, avec cette jolie bouche de menteuse, dit « Venez Norman, venez visiter votre ancienne demeure. Restez avec nous. Partagez notre pain ». Et dès que j’ai le dos tourné, elle me plante un couteau dans le dos. Passez une bonne journée.

Sans attendre la réponse, Norman s’en va.

Note de Marvin :

Dans cette scène, Norman fait référence à un poème de Robert Browning qui dit ceci :

     The year’s at the spring

     The day’s at the morn

     Morning’s at seven

     The hill-side’s dew-pearled

     The lark’s on the wing

     The snail’s on the thorn

     God’s in his heaven

     All’s right with the world.


Rodney inspecte attentivement la nouvelle voiture de Norman et regarde à l’intérieur, lorsque Betty arrive à pied et attire son attention. 

— Des soucis ?

Il se dirige vers elle.

— Comment as-tu deviné ?

Elle lui explique que lorsqu’il a des problèmes, elle remarque un petit plissement sur son front. 

Le Dr Rossi les rejoint. Betty leur dit qu’elle doit se rendre à l’hôpital, car elle n’ose pas arriver en retard, mademoiselle Choate est un vrai dragon. Elle s’en va.

Michael a remarqué que Rodney observait la voiture. Rodney précise qu’elle n’est pas à elle, mais à Norman.

— Je voulais justement te parler de lui, enchaîne Michael.

— Je ne veux rien entendre contre mon frère, oppose Rodney.

— Je ne veux pas dire du mal de lui, je veux juste te parler. Je sais que c’est difficile pour vous deux, vous avez vécu toute votre vie dans un manoir, avec des parents, et maintenant vous êtes seuls. Si vous avez besoin de parler, sachez que je suis disponible.

Rodney apprécie ces paroles et remercie le médecin.


Allison rentre à pied à la maison. Elle porte un bouquet de fleurs. On voit qu’il a été cueilli à même la terre. Elle s’arrête au portail un instant, appréhendant sa rencontre avec ses parents. 

Elle se dirige lentement vers la porte d’entrée. Elliot l’ouvre avec un large sourire. Constance est derrière lui.  Allison leur sourit.


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