Episode 73

Jeudi 27 mai 1965

Peinture party  

Constance et Elliot Carson ont prolongé d’un jour leur brève lune de miel à Boston. Mais l’accueil peu enthousiaste d’Allison à cette nouvelle a jeté une ombre sur la soirée, du moins pour l’un d’entre eux. 

Les gratte-ciel de Boston. 


Elliot et Constance apprécient leur chambre au Dorset House Hotel de Boston.  Ils doivent assister à un spectacle musical à Broadway qui a coûté la somme de 35 dollars à Elliot et ils ont réservé une table dans un grand restaurant à 18 h 30. 

Constance est préoccupée par Allison. Elliot lui dit que ça ne sera pas facile au début. Avant de partir au spectacle, Constance veut téléphoner à sa fille, mais Elliot lui demande de ne pas le faire. Il affirme qu’ils ne laissent pas Allison respirer. 


Il est passé 18 h 00 quand le Dr Rossi sort du Peyton Professionnel, passe le magasin de bijouterie, l’agence immobilière de Peyton Place, et entre dans la librairie. 

Allison le salue tandis qu’elle dispose des cartes postales sur le présentoir. Elle demande à Michael s’il est venu pour voir comment elle va. Michael voit que tout se passe bien pour la jeune fille et s’en va.


Plan aérien de la ville. Allison saisit son porte-monnaie et un sachet à provision de sous le comptoir, près de la caisse enregistreuse, ferme la librairie et se prépare à aller au magasin maritime. 

Rodney se promène en voiture et klaxonne.           

— Bonjour, Allison. Votre carrosse vous attend.

— Sans moi, j’en ai bien peur, répond la jeune fille. J’ai besoin de prendre l’air.

— J’ai une voiture décapotable. On prend très bien l’air dans cet engin.

— Je suis désolée. J’aimerais venir, mais je dois aller au magasin maritime.

— Allison, je sais qu’Eli Carson est ton grand-père. La ville entière est au courant.

— Et l’accepte.

— Tu sais Allison, ils vont parler de ça pendant encore un très long moment. Et au sujet des Harrington aussi. Mon père a  laissé ton père aller en prison pour un meurtre que ma mère a commis. C’est une situation peu banale. Mais ce ne doit pas être un problème. Pas entre nous, Allison. Allez, viens à la fête.

— Quelle fête ?

— Une sorte de fête de la peinture.

— Oh, tu as décidé de peindre l’appartement des Hanley ?

— C’est l’appartement des Harrington, maintenant, corrige Rodney. J’imagine qu’on s’amusera plus qu’on ne peindra. Mais…

— Je suis désolée.  J’aimerais venir, je le veux vraiment.  Mais je ne peux pas.

Allison tourne les talons et se précipite vers le magasin maritime sans laisser à Rodney le temps de répondre.


Rodney est dans l’appartement Harrington au-dessus de la pharmacie et entend un coup frappé à la porte.  

C’est l’avocat Theodore Dowell. Rodney explique qu’il nettoie le désordre que Norman était supposé nettoyer.  

Dowell demande à Rodney pourquoi Norman a acheté une voiture. Selon Dowell, Norman aurait dû se servir de cet argent pour payer le collège. 

Il dit à Rodney qu’il doit s’occuper de Norman maintenant que Leslie est parti. Et visiblement, Norman a besoin qu’on s’occupe de lui. 


Allison rentre à la maison avec son sac à provisions rempli. Elle jette un coup d’œil en haut et entend la voix d’Elliot dans sa tête, répéter tel un leitmotiv qu’elle doit continuer à rester une Mackenzie.

Puis elle entend la voix de Constance qui lui apprend qu’Elliot est son père. 

Puis la voix de Rodney qui lui dit de venir à la fête. 

Elle secoue la tête et monte au premier.


La « peinture party » bat son plein chez Rodney et Norman. Rita, Norman, Rodney, Abby, Bud et d’autres amis sont là. Rodney annonce d’un ton faussement cérémonial :

— Au nom de tous ceux ici présents, je déclare ouverte la « peinture party » de la Maison Harrington.

Tout le monde applaudit 

— Est-ce que la troupe est prête ?

— La troupe est prête, scandent les invités. 

Ils commencent les travaux dans la bonne humeur. 

Allison, coiffée avec des nattes, arrive d’une façon inattendue. Rodney se précipite vers elle. 

– Je ne pensais pas que tu viendrais, avec tes parents qui sont de retour à la maison.

— Ils ont décidé de ne revenir que demain.

— Super.

— Où est Norman ?

— Sans aucun doute dans « le coin du boudeur ».

Allison se rend dans le coin cuisine où elle trouve Norman effectivement en train de bouder. 

— Je t’ai apporté un cadeau, lui dit-elle. Joyeuse pendaison de crémaillère.

Elle tend le cadeau à Norman. Il la pose sur le poêle.

— Merci.

— Tu ne l’ouvres pas ?

— Non, c’est le travail du grand frère.  Je suis sûr qu’il adorera ça.

— Bien, c’est seulement un peu de sel, quelques allumettes, et du pain. Les besoins de base. Cadeau traditionnel.

— Super. Bon, tu ne vas pas rejoindre Tom Sawyer et le reste de sa joyeuse bande ?

— Je ne me sens pas l’âme d’un grand peintre.

— Quand le grand frère décide de faire une fête, il faut faire la fête, déclare amèrement Norman. 

— Et si on ne la fait pas, on reste dans le coin d’une pièce comme un malheureux.

Rita approche à son tour du coin des boudeurs.

— Norm. Tu ne m’as pas dit si tu aimes les rideaux que j’ai confectionnés.

Norman fausse les épaules  : 

— Qu’est-ce que l’on peut dire au sujet de rideaux?

— Je pense qu’ils sont très jolis, assure Allison.

Rodney les rejoint. 

— Rita, merci. Les rideaux sont jolis.

— Mon frère. L’hôte parfait, ironise Norman.

— Norm, c’est autant ta maison que la mienne, soulève Rodney.

Norman regarde autour de lui. 

— Comment peux-tu appeler ça une maison?

— Maison…  Appartement… Quelle différence est-ce que ça fait ? C’est le nôtre n’est-ce pas ? Moitié-moitié, tu te souviens ?

— Ouais. La moitié de ce que Paul Hanley n’a pas voulu. Ironique, n’est-ce pas ? 

— Elle est à nous maintenant.

— Tu peux prétendre ce que tu veux. Moi je te dis que cet endroit ne nous appartient pas.

Norman se lève et part. Allison essaie de le retenir, mais il s’en va en claquant la  porte. 

— Laisse-le, dit Rodney.  Je  pense qu’il est beaucoup mieux seul.


David revient au manoir et se fait servir une boisson par Doris.

— Merci, dit-il. 

Il regarde autour de lui et ajoute :

— Cet endroit est vraiment agréable, chérie.

— Merci. Je voulais que tout soit parfait pour ton retour du travail. Dure journée ?

— Oui. Je dois avouer que je ne suis pas aussi bien organisé au travail que toi tu l’es pour cette maison.

— J’ai engagé une certaine Mme Chernak qui travaillait à mi-temps pour les Harrington.

— Bien. Où est Kim ?

— Elle est au lit. Elle est baignée et elle a déjà dîné.

— Tout va très bien, alors. Oh, au fait, qu’est-ce que les Warren ont dit ? Tu as pu leur parler ?

À l’étage, Kim se réveille et sort de son lit.

Doris poursuit :

— Oui. J’ai parlé à M. et Mme Warren. Ils sont contre l’idée.

— Tu veux dire qu’ils ne veulent pas laisser  Amy venir ici ?

— Non. Amy ne viendra pas.

— Est-ce que tu lui as dit combien nous la paierions ? C’est bien plus qu’elle ne pourrait espérer en tant qu’apprenti professeur.

Doris secoue la tête 

— Le problème n’est pas là, David. Ils ont peur. Ils ont le sentiment qu’Amy serait plus en sécurité à l’école de sourds, entourée de gens comme elle.

— Ce n’est plus une enfant. Elle doit avoir 18 ans. Je trouve qu’ils la surprotègent.

— Apparemment, c’est une famille très unie. Ils ne veulent pas qu’elle parte de la maison.

— Bien, qu’en est-il au sujet de l’école ici à Peyton Place ? Ils ne peuvent pas trouver des arrangements pour Kim ?, s’enquiert David. 

— J’ai parlé avec le directeur aujourd’hui. Ils n’ont pas les moyens nécessaires pour accueillir un enfant sourd.

— Bien, si c’est ainsi…

David est trop fataliste et Doris le lui reproche :

— Bien sûr, David. Tu abandonnes toujours si facilement.

— Qu’est-ce que tu suggères de faire alors ?

— Pourquoi ne pas l’envoyer à cette école spécialisée à Boston ?, avance Doris. Elle pourrait venir les week-ends à la maison. Ce serait bien, non ?

— Je trouve cette idée parfaitement ridicule. Tu sais bien que ni toi ni moi n’avons l’intention de faire cela. Pourquoi as-tu même émis l’idée d’une chose pareille ?

— Parce que, David, j’ai l’impression de livrer un combat à chaque fois que je m’oppose à toi.

— Maintenant, écoute, Doris.  Nous savons tous les deux qu’il n’y a pas d’infrastructure prévue pour les sourds. 

— David, laisse-moi l’instruire.

— Est-ce que tu penses vraiment pouvoir t’en occuper ? Elle ne peut même pas te parler. Que peut-elle apprendre de toi ?

— Laisse-moi essayer, David.  S’il te plaît, laisse-moi essayer, supplie-t-elle. 

David capitule :

— Très bien. Qui d’autre que nous pouvons le faire ? Je monte voir Kim une minute pour lui dire bonsoir.

David monte à l’étage, et découvre qu’elle n’est pas dans sa chambre. Il appelle sa femme, et elle le rejoint immédiatement. 

— Elle n’est pas dans son lit et je ne la trouve nulle part, s’inquiète David.  Elle a pris sa poupée. Où peut-elle bien être ?

Kim est dehors, derrière la grille en fer forgée, et pleure à chaudes larmes, sa poupée dans la main. Puis elle s’enfuit en courant. 


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