Episode 172

Lundi 24 janvier 1966

Le mariage

À chaque chose est associée une saison. Et un but pour chacun sous les cieux. Un temps pour garder le silence. Un temps pour parler, un temps pour aimer, et un temps pour haïr. Et pour Norman Harrington et Rita Jacks, un temps pour attendre. 

Norman conduit Rita à Owens Ridges. Les deux lignes du gros titre du Clarion : « L’accusation appelle un nouveau témoin dans l’affaire Harrington ». 


Le révérend Dr Brown et sa femme, Martha, ont une chapelle en bordure de route à Owens Ridge. Le Dr Brown essaie de dissuader Norman et Rita de se marier, prétextant qu’ils sont encore jeunes et qu’ils ont le temps pour réfléchir. 

— Ce sera pour la vie. Ce n’est pas un truc de gosse, assure Norman.

— Alors vous ne devriez pas avoir peur de tester votre amour en attendant.

Mais les deux jeunes gens semblent décidés. 


Dans son bureau, à la fabrique, David Schuster dicte une lettre. 

— Concernant l’offre sur les ordinateurs, le S-105 semble…

Soudain, il se fige. Il entend du bruit, se lève et regarde par la fenêtre en direction de l’étage de production. Il voit Gus mettre à mal les machines avec un marteau. Il prend le téléphone. 

— David Schuster à l’appareil. Pouvez-vous sonner le gardien de nuit ?

Schuster éteint la lumière, surprenant Gus, qui s’écrie :

— Hey ! Qu’est-ce qui se passe ? 

David rallume et se rend à l’étage de production.

— Bonne question, fait-il. À vous de me le dire. 

— Pourquoi devrais-je vous dire quoi que ce soit ? Vos chaussures sont bien cirées. Laissez-moi tranquille. 

David tente de l’amadouer :

— Attendez une minute… une minute… une minute… Venez, venez, allons parler dans mon bureau. 

— Votre bureau ? Vous voulez dire le bureau de Harrington. Oh, je l’entends encore me dire : « Gus, vous n’êtes pas un bon styliste. Nous allons vous trouver un emploi aux machines. Gus, on ne peut plus vous laisser aux machines, nous allons faire de vous un gardien de nuit ». 

— Attendez une minute… Je ne suis pas Leslie Harrington, se défend David. 

— Quelle différence cela peut-il faire ? Simplement le nom sur la porte.

— J’ai essayé de vous aider. 

— M’aider ? Comment ? En me permettant de me mettre à genoux pour mendier une petite avance sur mon salaire, hein ? En laissant ma femme laver votre vaisselle sale ? Vous auriez pu m’aider, mais vous ne l’avez pas fait. 

— Comme donner un job à votre fils ?

— Vous n’avez pas la conscience pour vous. Mon fils Joe. Joe Chernak. Il n’était pas assez bien pour travailler dans votre fabrique. Mais Rodney Harrington, oui !

— Je suis désolé. Je ne pouvais pas lui donner un travail. Lorsque j’ai regardé son CV, j’ai appris qu’il n’avait jamais gardé une place plus d’une semaine. 

— Mais il n’avait jamais tué quelqu’un comme l’a fait votre précieux Rodney Harrington. 

— Donnez-moi ce marteau, Gus. 

— Venez me le prendre. 

Schuster se met en position de combat. 

— Gus…, prévient-il.

— Qu’est-ce que vous allez faire ? Me renvoyer ?

— Vous ne me donnez pas le choix. 

— Vous n’êtes pas assez fort. 

Gus frappe une nouvelle fois avec le marteau sur une machine. David se précipite vers lui et lutte pour lui prendre le marteau des mains. Gus s’effondre, le souffle coupé. David se penche vers lui pour l’aider. 

— Gus ? Gus ?

Voyant Gus évanoui, Schuster court vers le téléphone. 

— C’est de nouveau monsieur Schuster. Et c’est une urgence. Appelez l’hôpital !

Plus tard, le bruit d’une ambulance retentit. Le Dr Rossi débarque à l’étage de production. 

— Que s’est-il passé ? s’enquiert le médecin.

— Je l’ai trouvé en train de s’acharner sur les machines avec ce marteau, explique David. J’ai essayé de le raisonner. 

Michael se penche et examine Gus. Il prend son pouls.

— Est-ce le cœur ? demande le directeur de la fabrique.

— Non, non. Je ne pense pas. 

Gus est placé sur un brancard par deux ambulanciers, aidés par Michael. On le couvre. 

— C’est arrivé lorsque j’ai essayé de lui prendre ce marteau des mains, explique David. 

— Comme s’il était déterminé à tout détruire, en conclut Michael. Lui y compris. 

Gus est porté jusqu’à l’ambulance. 

Nous apprendrons plus tard que les dommages causés par Gus s’élèvent à 500 dollars (une fortune à l’époque).


Norman et Rita sont devant la porte de la chambre de leur motel. Norman sourit à Rita, la porte dans ses bras et ouvre la porte de la chambre en lui donnant un léger coup de pied. Dans la chambre, Rita allume la radio et admire sa bague de mariée. 


Au Colonial, Rodney se rend au bar. Il commande à Charlie, le barman, un jus d’orange et lui demande de rajouter un brin d’alcool. Le barman refuse poliment. 

Michael arrive et commande un martini on the rocks. Il informe Rodney qu’il revient de la fabrique où il a été appelé d’urgence pour Gus Chernak. 

Gus a une maladie du foie. Rodney ironise en disant qu’il est content d’avoir un alibi cette fois. Il parle au médecin du témoignage de Rita aujourd’hui. 

Puis Rodney évoque Stella.

— Ce que je ne comprends pas, c’est comment vous pouvez la garder comme assistante, après ce que vous savez. 

— Après que je sache quoi ?

— Que c’est une menteuse !


Pendant ce temps, au motel, Rita tourne le bouton de la radio pour changer de station. Elle est seule. Elle entend une sirène au loin. Probablement une ambulance. 

Elle regarde dehors à travers les stores vénitiens. Inquiète, elle prend le téléphone et appelle la réception pour savoir si quelqu’un a vu Norman. Elle se présente comme Mme Harrington. 

Norman frappe à la porte et entre. Il vient de lui acheter un déshabillé. Rita s’émerveille devant le tissu. Norman admet qu’il a mis au clou sa montre chez le bijoutier pour vingt-cinq dollars afin de lui offrir ce déshabillé. 

Rita se rend dans l’autre pièce pour le mettre. Pendant ce temps, Norman sort d’une boite à chaussures des pantoufles en duvet qu’il dispose sur le lit. Rita revient vêtue du déshabillé et aperçoit les pantoufles. 

Norman jette un coup d’œil à travers les stores vénitiens. Rita allume une bougie. Norman apporte une bouteille de champagne, qu’il ouvre et ils portent un toast à leur nouvelle vie. 


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