Jeudi 25 novembre 1965
Steven enquête sur Stella
C’est lundi matin à Peyton Place. Ce samedi, un léger mouvement a été observé dans les yeux d’Allison. Une petite chose en soi, mais pour ceux qui observent et attendent au chevet d’Allison, c’est un événement, et une nouvelle raison d’espérer.
La camionnette d’un fleuriste-livreur de chez Robinson et Gaynes arrive en face de l’entrée principale de l’hôpital de Peyton Place et se gare. Elliot se gare à côté de la camionnette. Il sort de son véhicule et marche en direction de l’entrée de l’hôpital.
Elliot se rend à l’hôpital, s’arrête brièvement au bureau des renseignements avant de se rendre derrière le comptoir pour parler avec Betty dans la salle des dossiers.
— Savez-vous où se trouve le Dr Rossi ? lui demande-t-il.
Elle lui répond qu’il se trouve dans la chambre d’Allison. Il lui demande si quelque chose est arrivé. Tout ce que sait Betty, c’est que le Dr Russ Gehring est sorti de la chambre d’Allison et a bipé Rossi.
Il se précipite dans la chambre de sa fille et découvre Michael à son chevet, occupé à inscrire des notes sur un bloc.
Le Dr Gehring est en train d’expliquer qu’il ne s’agit pas seulement de spasmes musculaires. Allison a bougé sa main.
Elliot note que les yeux d’Allison sont mi-ouverts. Il dit à Michael que ses yeux semblent se porter sur lui. Michael examine les yeux d’Allison avec une petite lampe torche. Il est optimiste. Un beau jour, Allison le verra et l’entendra.
Steven se rend au bureau des renseignements pour voir Betty. Il cherche toujours des renseignements sur le passé de Stella, mais n’en trouve aucun.
Betty lui dit qu’elle a regardé, par curiosité, le dossier personnel d’embauche de Stella, mais ne peut pas dire à Steven ce qu’il contient, car elle l’a lu trop rapidement, il contenait des noms et des dates dont elle ne se rappelle plus.
— Les renseignements personnels de Stella. Les avez-vous déjà vus ? s’enquiert Steven. Betty, tant que le dossier personnel de Stella restera dans un tiroir, Rodney aura des problèmes.
Steven lui demande de regarder de nouveau, mais Betty refuse, cela risquerait de lui couter sa place.
Michael arrive et lui demande son emploi du temps, qu’elle n’a pas encore eu le temps de lui donner.
Doris et David se trouvent dans leur chambre à coucher, au manoir. Ils sont prêts à envoyer Kim à l’institut de New York. C’est Doris qui l’emmène.
Elle résidera à New York, tandis que David restera à Peyton Place. Doris se rassure en disant qu’il pourra venir leur rendre visite le week-end. Doris soupire :
— Tu vas me manquer.
— Toi aussi tu vas me manquer, répond David.
À l’appartement, Rodney invite Elliot à entrer. Elliot lui donne des nouvelles optimistes d’Allison.
Il souhaite lui parler de l’altercation verbale qu’il a surprise entre le jeune homme et Stella sur le parking de l’hôpital.
Rodney doit s’estimer heureux qu’il soit venu pour régler la situation et empêcher qu’elle dégénère. Rodney se justifie :
— Stella Chernak a menti. Et si elle continue à mentir, je vais être déclaré coupable, à moins que j’arrive à prouver qu’elle a menti.
Elliot fait comprendre à Rodney que ce genre d’altercation peut le reconduire directement en prison. Avant de s’en aller, il conseille à Rodney de se tenir à l’écart.
Gus vient voir Stella à l’hôpital. Il discute brièvement avec Russ Gehring juste avant. Stella lit un journal médical. Elle lui demande de ne pas venir ici lorsqu’elle travaille.
Il lui demande d’aller voir John Fowler pour lui reporter l’incident avec Rodney. Elle refuse de le faire. Il lui dit qu’elle n’a pas le choix. Si elle ne veut pas le faire, c’est lui qui ira. Elle accepte donc d’aller voir Fowler.
Gus s’en va en lui disant qu’ils se verront ce soir à la maison. Il s’arrête au bureau des renseignements et dit à Betty que si elle voit Rodney, elle doit lui dire qu’il a du souci à se faire. Cela fait réfléchir Betty sur la proposition de Steven.
Rodney descend les escaliers de son appartement et manque de heurter un gosse en roller. Il traverse la rue et s’arrête pour regarder le pilori.
Il se retourne et voit Eli Carson se rendant à la banque. Ils font un bout de chemin ensemble. Rodney demande à Eli s’il peut travailler pour lui jusqu’à ce que démarre le procès (l’audience préliminaire a décrété le meurtre et a renvoyé Rodney aux assises).
Il veut commencer aujourd’hui. Eli accepte volontiers. Il se rappelle à quel point Elliot était nerveux avant son procès. Eli donne les clés du magasin à Rodney.
Rita est dans le bureau de Steven pour faire une déclaration à propos de Joe Chernak. Elle tient un microphone dans ses mains. Mais elle ne sait pas s’en servir.
— Je suis désolée.
— Ce n’est rien, répond l’avocat.
Il lui prend le microphone des mains et le pose sur le bureau à côté du magnétophone, qu’il éteint.
— Être enregistrée me rend nerveuse. Plus que nerveuse, explique la jeune fille.
— Bien sûr, je comprends.
— Je savais que vous vouliez me parler. J’aimerais en terminer avec ceci. J’ai connu Joe bien avant qu’il n’aille en maison de correction. En fait, j’étais sa petite amie. J’avais presque dix-sept ans…
— Attendez une minute Rita. Ce que j’aimerais savoir, c’est tout ce dont vous pouvez vous souvenir à propos des attitudes ou des sentiments de Joe à l’égard de sa sœur Stella.
— Oh, je pensais…
— J’apprécie votre bonne volonté à vouloir parler de votre relation avec Joe. C’est un peu ma faute. Lorsque je vous ai demandé de venir, cela me semblait clair. Maintenant, je veux tout connaître sur Joe et Stella. Apparemment, ils étaient proches avant qu’elle s’en aille. Ça a dû être difficile pour lui. Elle est partie sept ans.
— Eh bien, je l’ai vue quelques fois avant qu’elle ne parte.
— Où ? Quand ?
— Quand elle était au collège.
— Quel collège ?
— Je ne sais pas.
— Ce devait être plusieurs années avant.
— Bien sûr. Lorsque j’ai commencé à entendre parler de Joe pour la première fois, je venais juste de commencer le lycée. Il était déjà dans l’équipe de football et d’athlétisme. Je ne suis sortie avec lui que quelques années plus tard. Il avait déjà quitté l’école alors. Je pensais que c’était le garçon le plus intelligent, et le meilleur qui quittait l’école.
— Quand a-t-il quitté l’école ?
— Je ne sais pas.
— Lorsque vous sortiez ensemble, vous parlait-il de Stella ?
— Je savais qu’il lui écrivait. Je pense qu’il avait reçu une lettre d’elle, une fois. Je m’en souviens parce que ça l’avait rendu dingue.
— Vous a-t-il montré cette lettre ?
— Non. Je trouve ça bizarre.
— Quoi donc ?
— Simplement de parler de Joe, de cette manière. Et ce n’est que le commencement, n’est-ce pas ? Lorsque le procès démarrera, monsieur Fowler va me poser un tas de questions personnelles. Je pense qu’on ferait mieux d’utiliser ceci.
Elle pointe son index vers le magnétophone.
— Ce serait préférable, Rita. Oui.
— Allons-y.
Rita reprend le microphone.
— Vous pouvez m’enregistrer, si vous voulez.
— Merci, Rita.
Steven appuie sur le bouton d’enregistrement du magnétophone.
— Savez-vous autre chose à propos de cette lettre ?
— Joe ne m’a jamais montré la lettre. Mais il m’en a parlé, en quelque sorte. Il détestait tout ce qu’elle avait écrit. Il lui a répondu, mais sa lettre lui est revenue, je suppose qu’elle avait déménagé. En tout cas, ça l’avait rendu malade. Il faisait peur à voir quand il était dans cet état. En fait, je ne me rappelle plus l’avoir entendu prononcer le nom de sa sœur après cela. J’étais vraiment dupe. Un soir, il est venu chez moi pour me montrer la superbe voiture qu’il venait d’acheter. Je pensais : « il m’aime vraiment. Il est venu partager ce moment de bonheur avec moi ». Puis il m’a appris qu’il avait volé la voiture, et qu’il allait quitter la ville pour de bon. Il est parti en Californie pour voir Stella. Mais il n’a pas été bien loin. La police l’a cueilli au barrage autoroutier.
— Et lorsqu’il est revenu de la maison de correction, il a découvert qu’il vous avait perdu au profit de Norman… Joe devait être choqué et en colère lorsqu’il a rencontré Rodney sur le quai. Ce sera dur à prouver… Que s’est-il passé pour vous, Rita ? Ce qui arrive à des gosses solitaires. Chercher quelque chose dans le mauvais chemin, avec la mauvaise personne.
La secrétaire de Steven l’appelle à l’interphone.
— Je vous ai dit que je ne voulais pas être dérangé… Oui ? Non. Une minute. Je vais prendre l’appel.
Il appuie sur un bouton pour prendre la ligne.
— Steven ?
L’avocat reconnaît la voix.
— Qu’y a-t-il, Betty ?
— Je voulais juste vous parler de… ce que vous savez.
— Un instant… (il se tourne vers Rita). Merci, Rita. Ce sera tout.
Rita se lève et quitte le bureau. Steven reprend le combiné.
— Oui, Betty ?
— J’ai repensé à ça. C’est important, n’est-ce pas ?
— Oui. Oui, c’est très important.
— Eh bien, dans ce cas, je vais vous aider.
Steven a un regard pensif, puis raccroche.
À l’hôpital, une voix dans le micro annonce : « Dr Morton aux urgences… Dr Morton aux urgences ».
Une infirmière rejoint Betty au bureau des renseignements.
— Tu viens déjeuner Betty ?
— Non merci, je surveille ma ligne.
— Dis plutôt que tu évites la nourriture de la cafétéria, plaisante sa collègue.
Mademoiselle Choate arrive et s’adresse à l’infirmière.
— N’oubliez pas, les vacances du Dr Clayton commencent demain. Le Dr Sloan prendra ses appels.
— J’en prends bonne note, mademoiselle Choate.
— Très bien, mademoiselle Dalton. Je pars déjeuner, maintenant.
Une fois restée seule, Betty se rend dans le bureau de Mlle Choate et vole le dossier de Stella.




