Mardi 23 novembre 1965
La confession de Marian
Marian Fowler rentre à la maison. Elle s’est forcée à se poser des questions. Et elle a trouvé de vagues, mais effrayantes réponses. Des réponses qui l’ont conduite à la conclusion qu’elle a passé sa vie entière à tout éviter. Mais la maison n’est pas aussi vide ou sécurisante qu’elle l’avait espéré.
Marian conduit jusqu’à la maison.
Dans le salon, John salue Marian, qui entre dans la pièce.
— Te voilà ! dit John en souriant.
— Tu es rentré tôt, s’étonne Marian. Quelque chose est arrivé ?
— Eh bien, la même chose qui arrive aux navigateurs depuis la nuit des temps. La météo.
John tente d’embrasser Marian, mais elle esquive son baiser.
— C’est bon d’être à la maison, dit-il. Veux-tu un verre ?
— Oui, s’il te plaît.
John prépare la boisson pour sa femme.
— Des rafales, des vagues de quinze pieds. Je n’avais aucune chance de lire plus de trois mots sans être extirpé de mon siège. Alors j’ai pensé que la meilleure des choses à faire était de revenir à la maison et m’asseoir tranquillement pour lire sans être propulsé à travers la pièce à chaque meurtre juteux. (Il tend le verre à Marian.) Et toi, Marian ? Qu’as-tu fait pendant mon absence ?
— Moi ? Rien.
— Et ton coup de froid ?
— Réglé en un coup d’éternuement.
— As-tu pris quelque chose pour ça ?
— Oui. Pour être franche, je reviens juste du drugstore.
— Je te trouve toujours pâle. Peut-être serait-il bon pour toi de t’étendre un moment.
— Non, je sens… John, qu’es-tu en train de faire ?
— Je pensais qu’on était en train de parler de ta santé.
— Non, tu parlais de mon mensonge. Je n’ai pas de grippe et nous le savons tous les deux. Nous parlons dans le vide et tout ceci n’aboutit à rien.
— Y a-t-il un endroit en particulier où tu aimerais aller, Marian ?
— Ne sois pas si condescendant. Ta femme te ment et tu réagis comme si cela arrivait tous les jours. La météo était au beau fixe aujourd’hui.
— D’accord, la météo était au beau fixe. Calme-toi, Marian.
— Je reste calme depuis le jour de ma naissance… Te souviens-tu de la nuit où ton cousin Nolan nous a présentés ?
— Quel est le rapport ?
— Cette nuit a résumé toute notre vie. Je n’avais pas réalisé cela jusqu’à ce soir. J’avais le sentiment de te connaître depuis toujours. Tout ce que tu disais ou faisais m’était tellement familier.
— Est-ce si mauvais, deux personnes qui se connaissent complètement ?
— Oui, parce que cela empêche les délices des surprises. Je ne te jette pas la pierre. C’est ce que je voulais. Ou plutôt ce que je pensais vouloir. Jusqu’à…
— Jusqu’à quoi ? interroge John.
— Travailler à l’hôpital a signifié beaucoup pour moi. Les enfants… ils sont si vivants.
— Nous pouvons avoir des enfants. Il n’y a rien qui cloche chez toi.
— Ils sont vivants, et ils me sentent être vivante.
John fronce les sourcils.
— De quoi parles-tu ?
— John, je dois te dire ce qui est arrivé. Je dois te le dire, mais j’ai si peur.
— Peur de quoi ?
— Peur de te blesser.
— Marian…
— Il y a eu cet homme. Ne me demande pas de t’expliquer. Il était si différent. Je suis allée vers lui.
John fixe Marian du regard. Il comprend ce que sa femme est en train de lui dire.
— VA-T’EN ! hurle-t-il. Maintenant ! Va à Boston. Reste avec ta sœur. Plus tard, nous pourrons parler du divorce. Calmement et comme des gens civilisés. Quand je serai de retour, je ne veux plus te voir ici.
John attrape son manteau pour partir.
— John… laisse-moi t’expliquer…
John la gifle violemment avec sa main droite. Puis il s’en va.
Elliot se trouve au poste de police, essayant d’obtenir des informations sur le délit de fuite. Le sergent de police lui montre le rapport de l’accident.
Fowler arrive précipitamment et l’officier lui parle du rapport d’Al Pearson sur le pare-chocs de la voiture de Marian.
Fowler demande à Elliot de le suivre dans son bureau. Il est furieux contre l’officier. Elliot ne l’a jamais vu aussi survolté.
Chez les Anderson, Julie entre dans le salon tandis que Betty descend les escaliers. Julie lui demande où Steven l’emmène ce soir. Betty hausse les épaules :
— À l’auberge, probablement.
Puis elle parle à sa mère de Rodney. Elle mentionne le fait que Julie doit rendre visite à George demain. Julie lui demande pourquoi.
On sonne à la porte. Betty lui dit par-dessus l’épaule :
— Parce que c’est son anniversaire.
Julie ouvre la porte et trouve Leslie Harrington face à elle. Elle l’invite à entrer.
Betty, peu ravie de le voir, remonte à l’étage. Julie soupire :
— Que viens-tu faire ici ?
Il lui répond qu’il pensait l’inviter à dîner. Le téléphone sonne et fait diversion. C’est David Schuster. Il lui parle de son projet d’automatiser la fabrique, de Howard Cable, Bates et Davis, des spécialistes de l’automatisation à Chicago. Ils doivent venir demain et il lui demande de se mettre à son avantage et de les traiter comme des rois. Elle raccroche.
Julie offre un verre à Leslie et accepte son invitation.
Constance se trouve dans la chambre d’Allison lorsque Michael entre et se joint à elles.
Il lui demande de rentrer chez elle et de se reposer. Mais elle ne veut pas partir.
Michael décèle un mouvement dans les yeux d’Allison. Cela prendra du temps, mais le premier pas a été franchi. Il y a de l’espoir. Une lueur d’espoir réapparaît dans les yeux de Constance.
Fowler retourne chez lui. Il s’assoit dans la pénombre de son salon. Dans la chambre, il voit que les affaires de sa femme ne sont plus là. Marian est partie.
Betty et Steven se rendent au bureau de ce dernier. C’est la première fois que Betty voit son bureau. Elle demande si elle doit attendre à l’extérieur.
— Vous faites comme vous voulez, lui dit-il en souriant.
Betty lui parle de Ted Dowell et du fait qu’il a démissionné. Elle se demande pourquoi. Steven lui répond qu’il ne pouvait pas défendre Rodney parce qu’il n’est pas un avocat d’assises.
Betty pense plutôt que c’est parce qu’il n’a pas d’ambition… contrairement à Steven. Il se vexe. Betty s’apprête à partir, mais il la retient et ils s’embrassent.




